Guillaume Jacques Constant LIBERGE de GRANCHAIN de SÉMERVILLE (de)


Officier de Marine

Ascendance :
Fils de François Guillaume de LIBERGE (1708-1766), seigneur de GRANCHAIN, gendarme de la garde du roi Louis XV, et de Marie Anne Émilie de MAUDUIT de CARENTONNE-SÉMERVILLE.

Carrière :
Garde de la Marine le 25 janvier 1757, aide de port du 1er juillet au 13 septembre 1765, enseigne de vaisseau le 27 novembre 1765, lieutenant au 1er bataillon du régiment de Bayonne le 1er mai 1772, lieutenant de vaisseau le 4 avril 1777, lieutenant-colonel le 9 mai 1781, capitaine de vaisseau le 15 septembre 1782, retiré le 17 mars 1791, rayé des contrôles le 1er janvier 1792.

Embarqué sur la frégate de 24 canons l’Émeraude le 26 mars 1757, il est blessé et fait prisonnier au terme du combat acharné livré au large de Brest, le 21 septembre 1757, par son bâtiment à la frégate anglaise de 32 canons Southampton.

Du 1er juin 1759 au 23 janvier 1760, il sert sur le vaisseau de 64 canons le Sphinx dans la flotte du vice-amiral Hubert de Brienne de Conflans et participe, le 20 novembre 1759, à la bataille des Cardinaux livrée à la flotte anglaise de l’amiral Edward Hawke, à l’issue de laquelle son bâtiment se réfugie dans la Vilaine.
Sous-brigadier du détachement des gardes-marine de Brest le 19 janvier 1766, enseigne le 1er janvier 1773, brigadier le 1er juillet 1775, chef de brigade le 1er juin 1780, lieutenant en premier le 1er juillet 1781.

Embarqué du 10 octobre 1771 au 20 octobre 1772 sur la frégate de 32 canons la Flore en qualité d’astronome-géographe adjoint dans le cadre de l’expédition scientifique dirigée par le lieutenant de vaisseau Jean René Antoine de Verdun de La Crenne afin d’expérimenter les horloges marines de Ferdinand Berthoud, il quitte Brest le 26 octobre 1771 en compagnie du lieutenant de port Jean Charles de Borda, de l’astronome Alexandre Guy Pingré et du dessinateur Pierre Ozanne. La Flore fait escale à Cadix, à Madère, aux Canaries, à Gorée, aux îles du Cap-Vert, puis parcourt les Antilles, remonte jusqu’à Terre-Neuve, rejoint les côtes de la Norvège puis celles du Danemark, explore la Baltique, visite la mer du Nord, les îles Shetland et les côtes d’Écosse et d’Angleterre avant de rentrer à Brest le 8 octobre 1772.

L’enseigne de vaisseau de Granchain reçoit du roi un sextant en récompense de son rôle dans cette mission qui a démontré la parfaite fiabilité des horloges de Berthoud pour le calcul de la longitude.

Du 20 mai 1776 au 28 février 1777, il sert sur la gabare la Boussole commandée par le lieutenant de vaisseau de Borda et participe à la campagne hydrographique de ce bâtiment qui permet de préciser la longitude des Canaries et de tracer de nouvelles cartes de la côte d’Afrique.

Embarqué du 10 mai au 1er novembre 1778 sur le vaisseau de 74 canons L’Actif, il prend part, le 27 juillet 1778, à la bataille d’Ouessant, remportée par la flotte du lieutenant général des armées navales Louis Guillouet d’Orvilliers sur celle du vice-amiral anglais Augustus Keppel.

Passé sur le vaisseau sur le vaisseau de 80 canons le Saint-Esprit du 1er mars 1779 au 11 février 1780, il remplit les fonctions de major de la flotte franco-espagnole du lieutenant général d’Orvilliers durant sa campagne à l’entrée de la Manche (3 juin-14 septembre 1779).

Embarqué le 12 février 1780 sur le vaisseau de 80 canons le Duc de Bourgogne, il est major de la division navale du chef d’escadre Charles Henri Louis d’Arsac de Ternay, chargée de l’escorte du corps expéditionnaire du lieutenant général Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau, en Amérique et participe à l’engagement du 20 juin 1780 contre la division navale anglaise du commodore William Cornwallis.

Le 21 décembre 1780, il passe sur le vaisseau de 74 canons le Neptune où il exerce les mêmes fonctions, puis, le 1er mars 1781, il rembarque sur le Duc de Bourgogne à bord duquel il prend part, le 16 mars 1781, à la bataille du cap Henry, livrée par le capitaine de vaisseau Charles Sochet Des Touches à l’escadre du vice-amiral anglais Marriott Arbuthnot.

Représentant du lieutenant général de François Joseph Paul de Grasse auprès du général George Washington pendant le siège de Yorktown, il est chargé, avec le vicomte Louis Marc Antoine de Noailles et le colonel John Laurens, de rédiger les articles de la capitulation de la place (19 octobre 1781).

Il rejoint ensuite le Duc de Bourgogne et participe à la prise de Saint-Christophe (11 janvier13 février 1782), puis prend passage, le 27 mars 1782, sur la frégate de 32 canons la Concorde qui arrive à Rochefort le 24 avril suivant.

Du 25 octobre 1782 au 24 juillet 1783, il est chargé du détail de l’armée navale réunie à Cadix sous le commandement du vice-amiral Charles Henri d’Estaing.

Commandant la frégate de 40 canons la Nymphe du 17 avril 1784 au 31 janvier 1785, il se rend à Terre-Neuve pour y faire valoir les droits des pêcheurs français et pour établir la position géodésique de cette île. Grâce à la méthode chronométrique, il calcule les longitudes de toutes les côtes de Terre-Neuve. Une petite île située au nord de ce territoire a reçu le nom d’île Granchain.

Major de la 5ème escadre à Brest le 1er mai 1786.

Du 9 mai au 20 septembre 1788, il est major de l’escadre d’évolutions sur le vaisseau de 74 canons L’Illustre.

Le 27 février 1789, le chef d’escadre Joseph Bernard de Chabert-Cogolin, directeur du Dépôt des cartes et plans de la Marine, le qualifie d’ « officier d’un rare mérite, l’un des plus instruits et des plus exercés dans ce genre de travaux [l’hydrographie] ».

Il est nommé directeur des ports et arsenaux de la Marine le 14 septembre 1790 en remplacement du capitaine de vaisseau Charles Pierre Claret de Fleurieu et occupe ce poste jusqu’au 17 mars 1791, date de son départ du service actif.

Appelé à Paris du 27 frimaire au 4 prairial an VI (17 décembre 1797-23 mai 1798), il fait partie de la commission consultative réunie pour donner un avis sur l’expédition d’Égypte.

Il perd la vue en 1804 à la suite d’une maladie.

Sociétés d’appartenance :
Membre de l’Académie royale de Marine le 24 juin 1771, sous-secrétaire en 1778, vicedirecteur en 1790.
Membre fondateur de la Société des Cincinnati de France le 19 janvier 1784.
Élu correspondant pour la section de géographie et statistique de la 2ème classe (sciences morales et politiques) de l’Institut national des sciences et des arts le 5 ventôse an IV (24 février 1796). Inscrit sur la liste des correspondants de la 1ère classe (sciences physiques et mathématiques) en exécution de l’arrêté du 8 pluviôse en XI (28 janvier 1803).

Sources biographiques :
Bouclon (Adolphe de), Étude historique sur la marine de Louis XVI : Liberge de Granchain, capitaine des vaisseaux du roi, Paris, A. Bertrand, 1866.
Taillemite (Étienne), Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, 2002.

Oeuvres principales :
Instructions nautiques relatives aux cartes et plans du « Pilote de Terre Neuve »…, Paris, Imprimerie royale, 1784.
En 1786, le second volume des Transactions de la société philosophique américaine de Philadelphie publie ses observations sur l’éclipse de soleil du 27 octobre 1780 à Newport (Rhode Island).

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