Anne Emmanuel Ferdinand François CROŸ-SOLRE (de)


Prince puis Duc de CROŸ, prince de SOLRE du SAINT-EMPIRE et de MŒURS de 23 juin 1718 à 30 mars 1784

Officier de l’Armée

Ascendance :
Fils de Philippe Alexandre Emmanuel de CROŸ (1676-1723), prince de CROŸ, de SOLRE et de MŒURS, lieutenant général des armées du roi le 1er octobre 1718, et de Marie Marguerite Louise, comtesse de MILLENDONCK (1681-1768).

Carrière :
Mousquetaire gris le 6 avril 1736, colonel du régiment de cavalerie Royal Roussillon le 16 avril 1739, brigadier de cavalerie le 1er juin 1745, maréchal de camp le 1er mai 1748, lieutenant général des armées du roi le 17 décembre 1759, maréchal de France le 13 juin 1783.

Le 23 août 1741, il rejoint avec son régiment l’armée du maréchal de Maillebois et prend part à la campagne de Westphalie.

Le 24 janvier 1742, à Francfort, il assiste, sur le banc des princes de l’Empire, à l’élection du nouvel empereur Charles VII et à son couronnement le 12 février suivant.

Le 5 mai 1642, il rejoint son régiment près de Dusseldorf, s’empare, le 15 novembre 1742, des hauteurs de Dingelfingen et se distingue lors de la levée du siège de Braunau sous les ordres du maréchal de Saxe (19 décembre 1742). En 1743, il assure la défense de Dingelfingen et participe, dans l’arrière-garde de l’armée, à la retraite de Prague, puis il contribue à la défense de la Lorraine.

En 1744, il fait campagne en Belgique, toujours dans l’armée du maréchal de Saxe, participe aux sièges et aux prises de Menin (4 juin 1744) et d’Ypres (25 juin 1744) et défend brillamment la redoute du bois de Barry à la bataille de Fontenoy (11 mai 1745).

Il participe aux sièges et aux prises d’Ath (8 novembre 1745), de Bruxelles (22 février 1746), de la citadelle d’Anvers (mai 1746), de Mons (10 juillet 1746), de Saint-Ghislain (25 juillet 1746). Il se distingue aux batailles de Raucoux (11 octobre 1746) et de Lawfeld (2 juillet 1747), ainsi qu’à la prise d’Hulst (11 mai 1747) et aux sièges de Bergen op Zoom (14 juillet18 septembre 1747) et de Maastricht (avril-mai 1748).

Envoyé sur les côtes de Picardie le 28 mars 1756 sous les ordres du maréchal de Belle-Ile, il reçoit le commandement du camp de Calais.

Pionnier du développement économique, il est l’un des fondateurs de la Compagnie des mines d’Anzin le 19 novembre 1756. Chargé le 7 juin 1757 de commander les troupes en Artois, en Picardie, en Boulonnais et en Calaisis, et de mettre en état de défense les côtes de ces provinces, il organise des milices garde-côtes et fait construire la Tour de Croÿ à Wimereux du 20 mai 1757 au 30 juillet 1759.

Il assure également la remise en état du chenal, du bassin et de l’écluse du port de Dunkerque et des fortifications de Calais, en finançant une partie de ces travaux sur ses fonds personnels.

Il est affecté à l’armée d’Allemagne le 1er mai 1760. Le 3 juillet 1761, alors qu’il commande un corps de troupes indépendant sur la Roër, il remporte sur les Hanovriens, au pont de Westhoffen, une victoire qui assure la sécurité de tous les convois de l’armée du prince de Soubise. Après la défaite de Villingshausen (15-16 juillet 1761), il couvre la retraite de l’armée et tient Soest jusqu’au 25 juillet. Le 30 août 1761, il remporte un nouveau succès près de Munster.

Nommé gouverneur de Condé en 1763, il reprend les travaux d’élargissement du canal de Neufossé entre la Lys et l’Aa et étudie en 1770 un projet d’assèchement de la ville de Condé qui sera réalisé entre 1773 et 1776.

Le retour de la paix lui permet de se livrer à sa passion des sciences naturelles, de la physique, de la chimie, de l’astronomie, de la géographie et de l’hydrographie et d’acquérir la notoriété dans les milieux intellectuels par ses études et ses recherches scientifiques, par la constitution de riches bibliothèques et d’une ample collection de cartes, ainsi que par ses relations avec les savants ou les philosophes tels que Voltaire et Rousseau. Ainsi, en 1764, il aménage une tour aux abords de Châtillon pour y installer un observatoire astronomique. En 1766, il suit les cours du naturaliste Valmont de Bomare, compose un Discours préliminaire sur la physique et un mémoire sur le fer, invente un microscope et rédige, de 1766 à 1769, une imposante histoire naturelle.

Grand d’Espagne de 1ère classe en 1767. En 1772, il s’intéresse aux découvertes maritimes, s’entretient avec Bougainville, puis il intervient, de concert avec Buffon, pour financer l’expédition du capitaine de vaisseau de Kerguelen de Trémarec auquel il fournit, en janvier 1773, les instruments de mesure les plus perfectionnés et une bibliothèque d’une centaine de volumes. En remerciement, le navigateur donnera le nom d’île de Croÿ à l’une des terres du groupe des îles Nuageuses, dans le nord-ouest de l’archipel des Kerguelen.

Société d’appartenance :
Membre honoraire de l’Académie royale de Marine le 17 février 1774.

Source biographique :
Dion (Marie-Pierre), Emmanuel de Croÿ (1718-1784). Itinéraire intellectuel et réussite nobiliaire au siècle des Lumières, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1987.
Bodinier (Gilbert), Dictionnaire des officiers généraux de l’Armée royale, 1763-1792, tome I, Paris, Archives et Culture, 2009.

Œuvres principales :
Mémoire pour la conservation des troupes l’hiver en France, 1757.
Mémoires sur le passage par le nord, 1782.
Observations sur l’invention de MM. de Montgolfier, dans le Journal de Paris du 17 novembre 1783.
Mémoires de ma vie en 41 volumes, édités en partie par le vicomte de Grouchy et Paul Cottin sous le titre de Journal inédit du duc de Croÿ, Paris, Flammarion, 1906-1907.
Histoire naturelle en 9 volumes, restée manuscrite.
Il a rédigé également des projets relatifs à la défense des colonies (1755) à la lutte contre l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Allemagne et à la diffusion de la langue française aux États-Unis.

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