
Jean-Baptiste NOMPЀRE de CHAMPAGNY de PIERREFITTE (de)
Officier de Marine, homme politique et diplomate.
Ascendance :
Fils de Charles de NOMPЀRE de CHAMPAGNY (1725-1779), seigneur de PIERREFITTE, lieutenant-colonel du régiment d’Artois-cavalerie, premier page du dauphin en 1768, et de Geneviève DUBOST de BOISVERT ( ?-1762). Neveu de l’abbé Terray par sa mère.
Carrière :
Élève au collège de La Flèche en 1765 puis à l’École militaire de Paris en 1770, garde de la Marine le 4 mai 1771, enseigne de vaisseau le 1er janvier 1776, lieutenant de vaisseau le 4 avril 1780, major de vaisseau le 16 décembre 1786, mis en congé en avril 1787 pour assister aux États généraux, retraité avec le grade de contre-amiral le 4 juin 1814.
Du 17 juin 1774 au 23 janvier 1775, il navigue sur la frégate de 32 canons la Flore, chargée d’aller annoncer l’avènement du roi Louis XVI au dey d’Alger et au bey de Tunis.
Le 19 mars 1775, il reçoit un sextant en récompense de ses résultats à son dernier examen de garde de la Marine.
Il navigue en escadre d’évolutions sur la corvette de 12 canons l’Écureuil du 18 mai au 21 octobre 1775.
À partir du 1er juillet 1777, il est employé au détail des constructions à Brest.
Embarqué sur le vaisseau de 50 canons Le Fier du 3 juin 1778 au 17 juillet 1780, il participe à la bataille d’Ouessant (27 juillet 1778) dans la flotte du lieutenant général des armées navales Louis Guillouet d’Orvilliers, puis au combat de la Grenade (6 juillet 1779) dans l’escadre du vice-amiral d’Estaing, et enfin au combat de Fort-Royal de la Martinique (18 décembre 1779) dans la division du chef d’escadre Toussaint Guillaume Picquet de La Motte, dit La Motte-Picquet
Du 25 janvier 1782 au 4 juillet 1783, il sert à bord du vaisseau de 80 canons la Couronne dans l’escadre du lieutenant général des armées navales François Joseph Paul de Grasse et prend part, le 12 avril 1782, à la bataille des Saintes contre la flotte du vice-amiral anglais George Brydges Rodney, au cours de laquelle il est très grièvement blessé.
Du 18 juin au 31 décembre 1785, il commande le cutter de 14 canons le Pandour en escadre d’évolutions.
La même année, il est pressenti pour prendre part au voyage de circumnavigation du capitaine de vaisseau de Lapérouse mais refuse en raison de son prochain mariage.
Le 23 mars 1789, il est élu député de la noblesse du Forez aux États généraux, mais il rejoint le tiers état dès le 25 juin suivant.
Nommé commandant de la garde bourgeoise de Roanne par les habitants de cette ville le 23 juillet 1789, il s’appliquera à épargner à ses concitoyens les effets de la disette, puis à faire reconstruire le pont sur la Loire, emporté par une crue en 1790.
Député à l’Assemblée nationale constituante du 17 juin 1789 au 30 septembre 1791, il est apprécié pour son éloquence et sa modération. Nommé membre des comités de la Marine (6 octobre 1789) et des Colonies (2 mars 1790) de l’Assemblée, il prend la défense, le 15 janvier 1790, de son ancien supérieur, le chef d’escadre d’Albert de Rions, arrêté à la suite des troubles de Toulon et inculpé de conduite contre-révolutionnaire.
Nommé secrétaire de l’Assemblée le 16 février 1790 et rapporteur du projet de réorganisation de la Marine, il arbitre les débats houleux relatifs au projet de fusion de la Marine militaire et de la Marine marchande (13-14 avril 1791) et réussit à réconcilier les deux camps.
Arrêté comme suspect en 1793, il est incarcéré jusqu’au 3 septembre 1794.
En 1795, il devient membre du conseil général et du directoire du département de la Loire. Le 24 décembre 1799, il est nommé conseiller d’État par le Premier consul et attaché à la section de la Marine.
Le 20 juin 1801, il est nommé ambassadeur à Vienne en remplacement du général Bernadotte. Du 8 août 1804 au 8 août 1807, il remplace Chaptal en qualité de ministre de l’Intérieur. Durant son ministère, il crée l’administration des haras, soutient en 1804 la création de l’Académie celtique, organise en septembre 1805 la levée des gardes nationales, procède en 1806 au recensement de la population de l’Empire, prépare le projet d’une grande exposition des produits de l’industrie nationale, lance de grands travaux d’aménagement de Paris (rue de Rivoli, colonne Vendôme, arc de triomphe de l’Étoile) et émet plusieurs propositions pour remédier à la décadence des arts et de la littérature (l’un de ses projets de décret aboutira, quinze ans plus tard, à la création de l’École nationale des Chartes).
Du 10 août 1807 au 17 avril 1811, il remplit les fonctions de ministre des Relations extérieures en remplacement de Talleyrand. À ce titre, il conduit les négociations relatives au blocus continental et à l’occupation du Portugal et de l’Espagne. Il conclut le traité du 5 mai 1808 par lequel le roi Charles IV d’Espagne cède ses états à Napoléon 1er et le traité de Vienne rétablissant la paix entre la France et l’Autriche (14 octobre 1809). Enfin, il négocie le mariage de l’Empereur avec l’archiduchesse Marie-Louise.
Le 24 avril 1808, il est fait comte d’Empire et, le 15 août 1809, duc de Cadore. Nommé ministre d’État le 21 avril 1811 et intendant général de la Couronne le 9 septembre suivant.
Membre du Sénat conservateur du 5 avril 1813 à mars 1814.
Secrétaire du Conseil de régence en 1813-1814.
Nommé membre de la Chambre des pairs par le roi Louis XVIII (4 juin 1814-14 avril 1815), puis par Napoléon (2 juin-24 juillet 1815), il est radié de la liste des pairs lors de la seconde Restauration, mais Decazes le fait réintégrer parmi les nouveaux pairs avec un majorat de baron- pair le 5 mars 1819.
Président du collège électoral du département du Loiret en 1820. Rallié à la Monarchie de Juillet en 1830.
Sociétés d’appartenance :
Membre adjoint de l’Académie royale de Marine le 3 octobre 1776, membre ordinaire le 2 décembre 1784. Membre fondateur de la Société des Cincinnati de France le 19 janvier 1784.
Sources biographiques :
Henri-Robert (Jacques), Dictionnaire des diplomates de Napoléon, Paris, éditions Henri Veyrier, 1990. Yvert (Benoît), Dictionnaire des ministres de 1789 à 1989, Paris, Perrin, 1990. Lemay (Edna Hindie), Dictionnaire des Constituants, 1789-1791, Paris, Universitas, 1991. Taillemite (Étienne), Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, 2002.
Oeuvre principale :
Souvenirs de M. de Champagny, duc de Cadore, Paris, imprimerie Paul Renouard, 1846