
LA GALISSONNIÈRE
Roland Michel BARRIN Comte puis Marquis de LA GALISSONNIЀRE de 10 novembre 1693 à 26 octobre 1756
Lieutenant général des Armées navalesAscendance :
Fils de Roland BARRIN, marquis de LA GALISSONNIЀRE (1646-1736), capitaine de vaisseau en 1677, chef d’escadre en 1703, retiré en 1720 avec le grade de lieutenant général des armées navales ad honores, et de Catherine BÉGON (1670- 1708).
Carrière :
Garde de la Marine le 1er novembre 1710, enseigne de vaisseau le 25 novembre 1712, aidemajor le 7 mai 1726, opté pour le service de lieutenant de vaisseau le 17 mars 1727, capitaine de vaisseau le 1er avril 1738, commissaire général d’artillerie le 1er février 1745, chef d’escadre le 7 février 1750, lieutenant général des armées navales le 25 septembre 1755.
Il fait de brillantes études à Paris, au collège de Beauvais, sous la direction du pédagogue et historien Charles Rollin (1661-1741).
Entre 1711 et 1739, il participe à neuf campagnes au Canada, à l’île Royale et aux Antilles pour y transporter des approvisionnements et escorter des convois. C’est ainsi qu’il commande la flûte de 44 canons le Dromadaire aux Antilles en 1733-1734, le vaisseau de 50 canons le Héros en Nouvelle-France du 1er avril au 13 mai 1738 et le vaisseau de 52 canons le Rubis à Louisbourg en 1739.
Dans les intervalles de ces campagnes, il se passionne pour les sciences naturelles, particulièrement la botanique, et correspond avec les botanistes Bernard de Jussieu et Louis Guillaume Le Monnier, l’astronome Pierre Charles Le Monnier, le physicien et agronome Henri Louis Duhamel Du Monceau, le physicien et hydrographe Pierre Bouguer, le géographe Philippe Buache. À la faveur de ses voyages, il envoie également au Jardin du roi des spécimens de plantes et de semences, de coquillages et d’oiseaux.
Nommé commandant en second du vaisseau de 74 canons l’Espérance, il prend part, du 24 janvier au 19 mai 1741, au transport de Marseille à Constantinople du mestre de camp de dragons Michel-Ange, comte de Castellane, nommé ambassadeur de France auprès de la Sublime Porte.
Commandant le vaisseau de 44 canons la Gloire du 1er juin au 16 novembre 1744 puis le vaisseau de 64 canons le Saint-Michel du 17 novembre au 14 décembre 1744 dans l’escadre du lieutenant général des armées navales Jacques Aymar de Roquefeuil, il croise dans la Manche afin de protéger contre les bâtiments de guerre et les corsaires anglais les importants armements effectués à Dunkerque et capture plusieurs navires britanniques.
Commissaire général d’artillerie à Rochefort le 1er février 1745, il s’occupe de la mise en état de défense des côtes d’Aunis et de Saintonge et s’efforce d’accélérer les travaux de l’arsenal de Rochefort et d’améliorer la puissance de feu des vaisseaux de guerre.
Du 12 mars au 31 décembre 1746, il commande le vaisseau de 74 canons Le Juste, chargé d’aller protéger, en compagnie du vaisseau de 64 canons Le Sérieux, les établissements de la Compagnie des Indes sur la côte d’Afrique. Partis de l’île de Groix le 27 avril 1746, les deux vaisseaux arrivent au Sénégal le 26 mai et en repartent le 28 juin ; le 2 août, ils retrouvent, à l’île Fernando de Noronha, trois bâtiments de la Compagnie, dont deux venant de Chine, porteurs de cargaisons de grande valeur. Le convoi repart le 29 août pour la Grenade où le rejoint un autre vaisseau de la Compagnie, le Philibert. Tous repartent pour la France le 3 octobre, mais Le Juste et Le Sérieux, séparés des bâtiments marchands par une violente tempête à l’est du banc de Terre-Neuve, rentreront seuls à Rochefort le 7 décembre tandis que le convoi, faisant route indépendamment, arrivera sans encombre à Lorient.
Nommé commandant général en Nouvelle-France le 1er mai 1747, il arrive à Québec le 19 septembre 1747 à bord du vaisseau de 64 canons le Northumberland. Dès sa prise de fonctions, il se consacre à la défense de la colonie, mise en danger par la perte de la place de Louisbourg (19 juin 1745). Dans ce but, il améliore le réseau des forts protégeant les abords du Canada, s’applique à resserrer les liens avec les tribus indiennes et lutte activement contre l’influence anglaise. Il est le premier à concevoir l’idée de relier la Nouvelle-France à la Louisiane par une ligne de postes fortifiés suivant la vallée de l’Ohio. Il prépare également, durant son séjour, une politique globale de développement prévoyant l’essor des industries locales (forges, constructions navales, salines) et du peuplement de la colonie. Mais la politique à courte vue des bureaux de Versailles fait avorter ses projets. Il n’oublie pas non plus la recherche scientifique et en 1749, il adjoint le père jésuite Joseph Pierre de Bonnecamps, mathématicien et hydrographe, à l’expédition du capitaine Pierre Joseph Céloron de Blainville dans la vallée de l’Ohio. De même, il accueille favorablement le botaniste suédois Pehr Kalm qui élabore un inventaire des arbres et des plantes du pays. Très apprécié des Canadiens pour ses qualités d’administrateur, il obtient néanmoins son rappel le 14 mai 1749. Embarqué à Québec le 24 septembre 1749 sur le vaisseau de 64 canons le Léopard, il rentre en France au mois de décembre suivant après avoir inspecté au passage la citadelle de Louisbourg.
Le 15 décembre 1749, il est nommé, en compagnie du conseiller d’État Étienne de Silhouette, commissaire chargé de la délimitation des possessions françaises et anglaises en Amérique. Du 1er janvier 1750 au 26 octobre 1756, il occupe le poste de directeur du Dépôt des cartes, plans et journaux de la Marine. À ce titre, il organise trois missions hydrographiques et scientifiques : celle de l’enseigne de vaisseau Joseph Bernard de Chabert-Cogolin sur les côtes d’Amérique du nord (1750-1751), au cours de laquelle seront perfectionnées les cartes de Terre-Neuve, de l’Acadie et de l’île Royale ; celle du lieutenant de vaisseau Gabriel de Bory (1751) sur les côtes d’Espagne, du Portugal et de Madère ; enfin, la grande expédition astronomique de l’abbé Nicolas Louis de La Caille au cap de Bonne-Espérance et dans l’océan Indien (1750-1754), qui aboutit à la publication d’un remarquable catalogue des astres de l’hémisphère austral.
Du 21 mai au 22 octobre 1754, il commande, à bord du vaisseau de 64 canons Le Sage, une division de trois vaisseaux et de six frégates chargée de la protection du commerce maritime français contre les corsaires barbaresques. Il escorte un certain nombre de navires marchands et navigue sur les côtes d’Espagne et du Portugal en exerçant aux manœuvres nautiques les bâtiments placés sous ses ordres, préfigurant ainsi les futures escadres d’évolutions.
Le 1er avril 1756, il prend le commandement de l’escadre de la Méditerranée à bord du vaisseau de 80 canons Le Foudroyant et escorte le corps d’armée du maréchal Louis François Armand de Vignerot Du Plessis, duc de Richelieu, chargé de s’emparer de Minorque. Les troupes débarquent à Ciudadela du 18 au 20 avril et le 24, l’escadre française s’établit en croisière devant Mahon pour assurer leurs protection. Le 20 mai 1756, La Galissonnière affronte l’escadre anglaise de l’amiral John Byng, de même puissance que la sienne, à laquelle il inflige de graves dommages. Obsédé par l’obligation de protéger le corps de débarquement, il néglige toutefois d’exploiter le désordre qui s’est mis dans la ligne ennemie et laisse Byng rompre le combat et regagner Gibraltar. Faute de secours, le fort Saint-Philippe, principale position britannique sur l’île, capitule le 29 juin et l’escadre française rentre à Toulon le 18 juillet.
Gravement malade, La Galissonnière débarque le 1er octobre 1756, Appelé à Fontainebleau où le roi Louis XV veut lui remettre le bâton de maréchal de France, il meurt avant d’arriver à destination.
Il était qualifié d’« officier de beaucoup d’esprit et sçavant, sçachant bien son métier et attaché au service ».
Sociétés d’appartenance :
Membre honoraire de l’Académie de Marine le 31 août 1752.
Membre associé libre de l’Académie royale des sciences le 1er mai 1752 en remplacement de François Chicoyneau.
Sources biographiques :
Lamontagne (Roland), La Galissonnière et le Canada, Presses de l’Université de Montréal, 1962.
Groulx (Lionel), Roland-Michel Barrin de La Galissonnière, 1693-1756, Québec, 1970. Dictionnaire biographique du Canada, tome III, Presses de l’Université Laval, Québec, 1974, p. 27-33.
Taillemite (Étienne), Les hommes qui ont fait la Marine française, Paris, Perrin, 2008.
Œuvres principales :
Il a contribué à la rédaction de l’Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences, des animaux et de differens autres morceaux d’histoire naturelle, publié en 1752 par Henri Louis Duhamel Du Monceau.
Il a également publié en 1755 de remarquables mémoires dans lesquels il développe un véritable programme d’action en faveur de l’expansion économique et démographique du Canada.